Découvlire Nouvelle circulaire n°11, Maître-cylindre

  • Par sautize
  • Le 15/03/2022
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Nouvelle circulaire n°11, Maître-cylindre

En mécanique, le maître-cylindre est un piston hydraulique qui, actionné par la pédale de frein, envoie du liquide sous pression dans le système de freinage. Quel équivalent pourrait-il être inventé pour ralentir l’inéluctable marche du temps qui écrase tout sur son passage ? Et n'allez pas confondre et l'effet et la cause, chantait Léo Ferré, La Mort est délivrance, elle sait que le Temps / Quotidiennement nous vole quelque chose / La poignée de cheveux et l'ivoire des dents. Dans un autre domaine - le lien reste à trouver avec le précédent - quel levier actionner pour réduire l’incessant bruit, les trépidations inutiles, les éructations blessantes, les opinions vaines ? Fausse entité connue de tous, la bêtise est vaste étant ivre de présence (1)

Abandonnons-nous plutôt au transport joyeux d’une ronde. La légèreté est une ombrelle. Tout est présent dans cette histoire, la puissance et la malice, et le souffle, et le chien qui s’éprend de son maître.

Comme sortie de sa gueule, une langue de belle-mère. C’est ainsi que se nomme cet accessoire de cotillon utilisé dans les occasions festives, sous la forme d’un tube en papier qui se déroule et émet un son tout aussi soudain, strident qu’insupportable. Ici c’est un passant de Crémone qui surgit au bout du tube, une nouvelle fois sollicité pour contenir les mâts de ce grand corps chapeauté, habillé d’une seule voile. A sa tête, une pompe à eau, convertie avec turbine et poulie. Le personnage est d’importance si l’on en croit l‘imposant couvre-chef d’où s’échappe une plume d’or, qui est clef des songes.

Dans cet univers un œil observe, solaire quoique jaune. Par un méandre que le désir réserve, son regard emprunte la clef et se glisse dans le trou de la serrure ancienne disposée en plateau ; il rejoint ainsi le puissant organe violet vers lequel semblent se diriger bien des convoitises. L’hypothèse toute autre, selon laquelle l’œil serait le fruit d’une séminale offrande, reste à explorer.

La queue de ce que nous pensons être un chien dessine une roue. Une nacelle bien pleine s’insère dans le mouvement et le rompt. L’œil s’en détache ou s’y rattache, c’est à chacun de voir. Une large ombrelle protège ses occupants. Par une virgule concupiscente et malicieuse, la suite de la queue fait sourire.

(1) Pardon pour ce détournement du soixante-onzième vers du Cimetière marin de Paul Valéry, La vie est vaste étant ivre d’absence / Et l’amertume est douce et l’esprit clair

St279

 

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