Découvlire Nouvelle circulaire n°8, Aide et étai
- Par sautize
- Le 01/05/2022
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Nouvelle circulaire n°8, Aide et étai
Il s’en passe des choses ! Dirigeons le regard vers le bas qui, dans nos représentations, est le théâtre des affrontements, de l’obscur, du rampant, de la piétaille et de l’enfer. Au ras du sol, l’incarnation du crabe à la marche monstrueuse. De ce corps rouge se dégagent, d’un côté trois griffes surmontées d’une paire de pinces à becs plats, de l’autre une exhalaison verte. J’avoue alors penser au pire. Serais-je tombé dans le panneau de droite du Jardin des délices de Jérôme Bosch, l’Enfer ?... Il n’en est rien, le crabe en question n’est point dévorateur, qu’on ne s’y trompe pas ! Si l’une des deux poignées ergonomiques de la pince est prise dans sa mâchoire c’est pour en mieux tenir le carnet de dessin, le tout faisant lutrin. Il en est de même du coude vert, ce gros orifice à l’allure d’escargot duquel il faut voir davantage une sorte de lampe d’Aladin d’où sortirait un bon djinn. Tout est bien qui commence bien. Les trente pièces qui ont servi à la réalisation de cette Nouvelle circulaire semblent converger vers une même destinée : aide et étai. Autre exemple, le noir bipède à deux têtes. Il ne s’agit pas là de l’hydre de Lerne dont le corps était de chien et les têtes de serpent, ces dernières en grand nombre, répandant un dangereux poison. Je relève d’ailleurs que dans l’approche d’une œuvre d’art, l’organe olfactif est rarement sollicité et je peux affirmer sans craindre de me tromper que ce bicéphale bipède, pour l’avoir rudement côtoyé, ne dégage pas de mauvaise odeur. Il est en outre particulièrement serviable et dévoué, certains diront servile et dévoyé. Sa tête de gauche est dominée d’un chapeau haut de forme prolongé d’un ressort. Une main y prend appui et serre ce qui semble être un bout de chevillette de maçon en col de cygne qui tient un bouquet de pensées labiles, fugaces et si changeantes que son auteur peine à les conserver. C’est sans doute la raison pour laquelle le bras tendu est animé de quelques haubans. C’est sans doute la raison pour laquelle un voltmètre analogique datant du milieu du siècle dernier domine l’ensemble, fier comme un paon. S’il y a tension, il intervient, c’est sa mission. Une coupelle en rempart héberge un cylindre de couleur bleu passé qui fait bonne bouille. Il était danois, dans une autre existence, de la marque Danfoss, filtre déshydrateur conçu pour les systèmes de climatisation nécessitant une grande capacité d'élimination de l'humidité. Point d’effusion cependant. Deux personnages se superposent, que chacun cherchera à déceler. L’un est cocher, ses pieds font le mors dans la bouche de la tête de droite du noir bicéphale bipède révélé précédemment. Deux longues tiges encadrent la voile et le corps frêle du second. C’est une bonne Nouvelle.
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